Présentation
Bois de rose Couturier
Sous des dehors qui pourraient, à tort, paraître fragiles, Claire Couturier est une véritable battante. Avec Luc Champault, son compagnon, ils ont repris l’idée folle du père de Claire, de se lancer dans la production d’huile essentielle de bois de rose. Pointe Combi, à Sinnamary, ils vivent là où est installé leur atelier. Dans une large savane, ils profitent du grand air en prenant soin de leurs arbres et de leurs jeunes pousses qui attendent, sous une serre, d’être replantées.
L’aventure a commencé en 1998. Christophe Couturier, technicien agricole sème, plante et travaille ses premiers bois de rose avec l’aide de sa famille et d‘une bande de copains. Il ne baisse jamais les bras avec dans l’idée de renouer avec une activité qui a fait la richesse de la Guyane.
En effet, depuis la fin du XIXe siècle, le bois de rose de Guyane était exploité de manière significative pour la fabrication d’huile essentielle, principalement utilisée pour la parfumerie et les cosmétiques de luxe. L’apogée de cette production se situe pendant les années folles avec une production de près de 100 tonnes d’huile en 1926, l’équivalent de 10 000 arbres de 50 ans coupés en 1 an !
La production d’huile essentielle à partir d’arbres forestiers a commencé avec la création d’usines de distillation sur le littoral, alimentées à partir des communes avoisinantes. Le bois était flotté, puis transporté en canoë ou distillé sur place. De nouvelles usines s’installèrent sur les fleuves notamment Approuague et Sinnamary, pour aller de plus en plus loin en forêt car, dès 1910 on observa la raréfaction des arbres. Des distilleries se sont même installées en plein cœur de la forêt.
Les abattages et dessouchages ont, hélas, conduit à la raréfaction d’une espèce jusqu’alors courante, c’était à l’époque une des principales ressources économiques de la Guyane avec la gomme de balata et l’or. L’activité périclite et la dernière usine de Guyane implantée à Regina ferme vers 1970.
Après avoir amorcé plusieurs projets, Christophe Couturier continue toujours à semer, planter, entretenir le bois de rose et produire de l’huile essentielle, tout en pérennisant un travail de pépinière permettant de renouveler les arbres coupés, d’étendre ses plantations, et de relancer la production auprès de nouveaux producteurs. Ces années d’expériences lui ont permis de faire partie de nombreux sujets de recherche, et surtout de développer des techniques de culture et de production d’huile essentielle.
En vingt ans, il est parvenu à maintenir son exploitation et surtout, à transmettre à sa fille l’envie de poursuivre l’aventure. En 2020, Claire et Luc décident de reprendre le flambeau paternel. Diplômée d'un BTSA gestion et protection de la nature et d'un BPJEPS canoë-kayak, Claire convainc Luc, qui lui a travaillé dans le domaine de l’énergie, de le rejoindre dans l’aventure familiale. Il découvre ainsi la Guyane et tombe sous le charme, lui aussi.
Aujourd’hui, les plantations Couturier sont répartis sur plus de 15 ha à Sinnamary et sur la commune de Saint-Laurent-du-Maroni. Les parcelles font l’objet d’une exploitation durable et sont certifiées agriculture biologique depuis 2016. En effet, des coupes d’arbres sont nécessaires à la fabrication d’une huile essentielle de qualité et celles-ci sont compensées par les replantations et croissances annuelles sur ces mêmes parcelles.
Par ailleurs, les productions d’huile sont limitées afin de permettre une production pérenne sur les plantations. Enfin, la culture en Guyane de cette plante autochtone ne nécessite aucun traitement, d'autant plus lorsque cette essence est mélangée à d’autres espèces.
Les arbres aujourd’hui coupés par Claire et Luc ont été plantés voilà 20 ans par Christophe Couturier. La patience est donc de mise, mais la vision qu’en avait eue son créateur, font aujourd’hui de cette entreprise une réussite. La majorité de la production est vendue à l’export, auprès de grossistes , aromathérapeutes et fabricants de cosmétiques.
Mais les projets fourmillent encore et le couple de producteurs a lancé une opération de financement participatif. L’objectif : accroître leur capacité avec une chambre froide qui leur permettrait de stocker huile essentielle et hydrolat ainsi produits.
Sous le carbet où est installé l’atelier, Claire et Luc s’activent autour de l’alambic ou devant le broyeur ou la fendeuse. Avec le sourire. Toujours ! On ferme les yeux et délicatement, les senteurs de bois de rose pénètrent les narines.