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Vivez l'Odyssée "Canne à sucre et du rhum patrimoine" vue de la mer

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La Fièvre Sucrière

Au 19ème siècle, le bon vieux pacte colonial est bousculé.

D’abord dans les années 1830, le sucre de betterave finit par s’imposer en France comme une alternative sérieuse au sucre de canne.
Avec l’abolition de l’esclavage en 1848, voilà qu’il faut payer la main d’œuvre, certes au lance-pierres, mais tout de même. La plupart des petits planteurs n’avait pas prévu ça dans l’équation. Imaginez deux secondes qu’on demande aujourd’hui aux agriculteurs de rémunérer une partie de leur bétail... L’analogie est à peine déplacée. Je rappelle aux âmes sensibles que jusqu’en 1848, les esclaves font partie des biens meubles, au même titre que le bétail.
Il faut aussi compter avec la concurrence des îles de l’Empire britannique et du sucre cubain, cultivé sur de larges étendues qui permettent la mécanisation des récoltes.
Qui dit 19ème dit aussi Révolution Industrielle. En 1860, le Gouvernement Français fonde le Crédit Colonial qui accorde des prêts pour la construction et la modernisation de sucreries dans les colonies françaises.

Les planteurs les plus entreprenants et les plus fortunés investissent dans de plus grosses structures. D’autres acteurs débarquent : des industriels et des ingénieurs métropolitains qui ne possèdent pas de champs, mais dont les usines concentrent la production sucrière de plusieurs plantations.

Comme dans toutes les histoires, il y aura des gagnants et des perdants : les plantations en situation de fragilité ou trop éloignées des grandes usines dépérissent, font faillite ou se font racheter par les plus prospères.

La production bat son plein au Lamentin, au François, au Robert, à Rivière-Salée, à Petit-Bourg, au Marin, à Trinité… En tout, ce sont vingt-deux usines qui crachent du sucre à grand renfort de vapeur et de main d’œuvre mal payée. La canne est décidément une affaire bien juteuse qui attire entrepreneurs et capitaux.

Voici qu'un vent d'opportunités se met à souffler sur les champs de canne. Mais il y a un problème : ce n'est jamais une bonne idée de se retrouver à plusieurs sur une même idée.
On produit beaucoup, efficacement, trop bien peut-être… car à y regarder de plus près, avec le sucre de betterave, la production sucrière de la Martinique couplée à celle de la Guadeloupe ne couvre que 10 % des besoins français. Ça n’est pas beaucoup.

Au bout de 20 années de frénésie sucrière, les marchés débordent et en 1884, les cours du sucre s’effondrent. La crise est mondiale. Saisies, hypothèques, l’industrie sucrière boit la tasse.

Certains planteurs se tournent vers le cacao et le café, d’autres optent pour la banane. Quant à ceux restés fidèles à la canne, c’est dans le rhum qu’ils finiront par trouver leur planche de survie.

On produit du rhum aux Antilles dès les années 1630, à commencer par la Barbade. Au commencement, ce n’est qu’un sous-produit de la production de sucre. L’alcool de l’époque provient de la fermentation des écumes et tout ce qui déborde des chaudières lors de l’extraction du sucre. Il n’est pas distillé.

Pour nous ramener à la Genèse du rhum aux Antilles, rien de tel que la parole d’un homme de Dieu. Le Père du Tertre, qui traîna sa soutane dans les Antilles françaises entre 1640 et 1657, écrit ceci :

“Les cannes brisées et épuisées de leur suc, aussi bien que les écumes, ne sont pas inutiles ; car pour les écumes des seconde et troisième chaudières [à sucre], et tout ce qui se répand en le remuant, tombe sur le glacis des fourneaux et coule dans un canot, où il est réservé pour en faire de l’eau-de-vie.”

D’après le Père Labat, grand observateur des moeurs créoles qui séjourne aux Antilles entre 1694 et 1705 : 
“L’eau de vie que l’on tire des cannes est appelée guildive. Les sauvages et les nègres l’appellent taffia ; elle est très forte et a une odeur désagréable, de l’âcreté [...]. Le lieu où on la fait s’appelle vinaigrerie.”

L'alcool de canne, c'est l'alcool du pauvre ; un vrai tord-boyaux
Marins, pirates et autres écumeurs des mers se gargarisent aussi de tafia. Certes, parce qu’il monte à la tête et aide à supporter une existence rude, mais aussi par nécessité.

En mer, l’eau douce croupit irrémédiablement et grouille d’abominables petites vermines porteuses de maladies, qui la rendent impropre à la consommation. Je vous ferai grâce de ces descriptions de réserves d’eau de navires devenues blanchâtre, verdâtre, grisâtre — enfin, toute une palette de coloris improbables — où s’ébattent asticots et autres invertébrés entortillés — toute une faune tout aussi improbable. Le tout formant un bouillon de culture d’une pestilence d’outre-tombe. Je me sens défaillir rien qu’à écrire ces lignes.

De fait, on comprend mieux l’aversion légendaire des marins pour l’eau douce qu’il fallait mieux mélanger à de l’alcool.

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