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Fiche Pédagogique

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Description du thème Analyse de la maison créole dans sa dimension architecturale, bioclimatique, sociale et sociétale, son organisation spatiale spécifique, les matériaux et couleurs utilisés, la notion "d'habiter" aux Antilles en lien avec la période coloniale.

Objectifs (sélectionner)1- Information & transmission des connaissances

Ressources documentaires Maisons de maître et habitations coloniales dans les anciens territoires français de l’Amérique tropicale - Christophe Charlery
De l’habitat des esclaves aux cases deux-pièces. Actes du colloque PNR Architecture : Habiter son territoire (29 avril 2003). Pointe-à-Pitre - Christophe Charlery
Les premières habitations de la Martinique - Monuments historiques, Architecture d’outremer - Jacques Petitjean-Roger,
« Kaz antiyé jan moun ka rété, L’habitat populaire aux Antilles », Jack Berthelot, Martine Gaumé, éd. Perspectives créoles, Pointe-à-Pitre, 1982
Premiers établissements européens en Guadeloupe - Prospection thématique - Xavier Rousseau - 1996
1- Information et transmission des connaissances

En résumé .

Texte court - 3000 caractères maxi (espaces compris) Les maisons créoles sont vraiment uniques avec leur esthétique charmante et colorée, qui reflète l'influence de diverses cultures et traditions. Les façades peintes dans des tons vifs de jaune, de bleu et de vert, les balcons en fer forgé décoratifs et les toits en tuiles rouges créent un tableau enchanteur qui évoque le charme exotique et l'élégance décontractée de la vie dans les Caraïbes. A souligner également : leur agencement fonctionnel et leur design aéré, conçus pour faire face aux rigueurs du climat tropical. Les larges vérandas, les hauts plafonds voûtés et les fenêtres à persiennes offrent une ventilation naturelle, permettant à l'air frais de circuler librement et offrant une protection contre la chaleur écrasante du soleil. Au fil des siècles, les maisons créoles ont évolué pour s'adapter aux besoins et aux goûts changeants de leurs habitants, mais elles ont toujours conservé leur essence intemporelle et leur lien profond avec la culture guadeloupéenne.

Texte long Corinne Daunar- Magazine Maisons Créoles
L’histoire au détail
Du carbet précolombien aux majestueuses maisons de maître, singulières cases créoles ou élégantes maisons de ville, les chapitres principaux du logement antillais esquissent une palette unique, celle de l’architecture créole. Et au creux de cette histoire longue, il est aussi une observation fine, ténue, moins immédiate : c’est celle du détail, qui recouvre une réalité aussi vaste qu’insaisissable. Pourtant il est incontournable pour comprendre plus avant les modes d’habiter et les astucieuses adaptations des foyers aux besoins de l’époque, qu’ils soient utilitaires, esthétiques ou politiques. Notamment, dans le logis bourgeois, colonial, le recours à l'ornementation est savamment distillé pour donner profondeur et éclat à la maison, qui sert autant à la vie qu’à l'exhibition de l’aisance et de l’élégance, pour se faire voir, le plastron de la fortune, la richesse ciselée au corps de bâti. Les finitions, en tant qu’elles deviennent souffle artistique, sous l’œil taquin d’un artisan créatif, apparaissent à mesure. Dans l’habitat populaire, rural, au creux de l’iconique case créole, c’est réduit à son expression la plus simple, celle de l’utilitarisme, que le détail se singularise.

https://maison-monde.com/case-creole-guadeloupeenne/
La case créole guadeloupéenne est posée sur le sol, celui-ci n’étant l’objet d’aucune préparation. La case repose en général sur de grosses pierres, « pierres de savane » ou pierres de carrière; elle peut aussi s’assoir sur des murets de ciment, discontinus le plus souvent, qui occupent les points où arrivent les poteau maîtres.
La case élémentaire à deux pièces se présente comme un volume rectangulaire surmonté d’une charpente à deux pans. Si la construction la plus répandue fait 6 mètres sur 3, les dimensions de la case créole en Guadeloupe n’en sont pas moins variables. Les charpentiers n’accordent pas une signification particulière à ces variantes; certains les attribuent à la « mode », ou plus généralement au goût de la clientèle.
La galerie est peut-être l’élement dominant dans l’imagerie de l’architecture antillaise. Sur le devant de la case, elle est animée de la présence des êtres et égayée par le décor. Une rupture dans la pente du toit marque que la galerie est souvent ajoutée à une case plus simple dès qu’un accroissement des revenus permet d’embellir la case et de la rendre plus accueillante. La galerie appartient à la fois à la case et à son environnement. À l’ombre et à l’abri, on peut saluer le passant et converser sans l’introduire dans l’intimité de la maison. Espace de transition, elle en accroit même la protection en permettant de partager les activités selon leur nature et l’heure de la journée. La galerie des cases créoles ajoute à la richesse du volume et protège la façade des intempéries. En Guadeloupe, le rythme des poteaux joue sur le module de 3m pour subdiviser et animer l’espace. Poteaux et balustrades délimitent le volume plus qu’ils ne participent à la structure. Ils agrémentent la façade de lignes horizontales et surtout verticales. L’accès à la galerie se fait généralement par un portillon en son centre.
Fanfreluches et dentelles sont les noms que donnent les charpentiers aux diverses découpes de bois qui ornent façades et galeries, de même que l’intérieur de la case. Elles ont pour but d’aérer et de protéger du soleil tout en étant prétexte à décor. L’air dans la case est recueilli par les jalousies et les dentelles des ouvertures. Il est souvent difficile d’attribuer une signification aux diverses fanfreluches. Faut-il y voir simplement le goût du propriétaire et celui du charpentier ou de complexes rites de protection ? La case, objet vivant, est baptisée, et certains motifs se retrouvent dans toutes les Antilles (le soleil par exemple, symbole de prospérité). D’autres motifs sont spécifiques d’une île ou d’une région (décors animaux à Marie-Galante, en particulier des poissons, décors végétaux en Guadeloupe), d’autres enfin ne se rencontrent qu’une fois. La couleur des cases créoles guadeloupéennes
On ne peut évoquer les Antilles sans songer à la vivacité des couleurs. Sur fond de bleu et de vert se mêlent les tons chauds des fleurs, des fruits et des terres volcaniques. Le bois des planches, lorsqu’il est laissé naturel, devient en vieillissant d’un gris luisant. La peinture protège le bois et les tôles de l’humidité, elle participe aussi, avec les plantes ornementales, au décor de la case. Les couleurs des cases créoles guadeloupéennes sont assorties généralement par deux ou trois et offrent des contrastes saisissants.

https://www.portail-guadeloupe.com/case-creole-maison-de-ville.html
Les cases Créoles
L’abolition de l’esclavage en 1848 a permis aux anciens esclaves de s’approprier des terres et de construire des cases d’habitation à leur guise. Au départ, les cases créoles ont été construites à partir de matériaux de constructions locales ; branchages, paille, argile… Cette liberté de construire a obéi à une certaine règle commune permettant de caractériser une case Créole. Cette dernière est montée autour d’un axe central sur lequel on a posé des lattes. Généralement, les cases créoles sont orientées d’Est en Ouest afin de bénéficier des alizés et pour être ensoleillées toute la journée.
Mais très vite, les bois entraient en grande partie dans ces constructions. Par ailleurs, profitant du savoir-faire des charpentiers et pour rendre l’ensemble facilement démontable, les Créoles ont commencé à utiliser la technique d’assemblage par cheville, tenons et mortaises. Mais l’agrandissement de la famille, les besoins et les possibilités financières ont fait évoluer les conceptions anciennes.
En effet, de la case la plus simple composée d’une chambre et d’un salon, « la dé pyes kaz » ou case à deux pièces, la case à trois pièces et plus commencent à apparaître. Cette forme de case est conçue avec l’adjonction d’une cuisine et d’une galerie d’où l’on peut se délasser. Souvent, la toiture de la véranda et de la galerie est ornée par des dentelles découpées dans le bois. Enfin, les façades longeant les routes sont souvent jonchées de plantes ornementales tandis que l’arrière de la case est formé d’un petit potager ou d’une basse-cour.
Les maisons de villes des Antilles
Les maisons de ville n’ont pas complètement abandonné la structure de base de la case rurale. Tout en gardant le même module que la case Créole, elles ont un ou deux étages de plus. Les portes et fenêtres à persiennes apparaissent du côté rue et les plantes ornementales leur donnent un aspect de décor pittoresque.
L’arrière-cour existe toujours mais c’est un lieu où se déroule la vie à l’abri des regards. Les balcons et les plates-formes aménagées à l’étage commencent à cacher les anciennes constructions. Souvent, le dernier étage est formé d’un galetas, une sorte de grenier percé de lucarnes à partir desquelles les Créoles communiquent avec l’extérieur.
Toutefois, prétendre à standardiser les cases Créoles et les maisons des villes, serait erroné du fait qu’en raison des cyclones et incendies qui sévissent en Guadeloupe, peu d’habitations ont conservé leur style d’origine.
Par ailleurs, la place du bois dans les constructions traditionnelles et demeures modernes continue d’alimenter divers commentaires. Devrait-on continuer à construire en bois ? A quel prix devant la dégradation avancée de l’environnement ?

LA CASE COMME UNITÉ DE VIE
La case existe déjà dans l’habitat caraïbe à l’arrivée des premiers colons, en 1635. Les « mouinas » sont un ensemble de cases bâties autour d’un bâtiment commun : le carbet. Puis elle sera l’habitat des esclaves fait de gaulettes entrecroisées, recouvertes de feuilles de palmier qui seront remplacées après l’abolition de l’esclavage par des planches. La case est un habitat rural, de petits cultivateurs, l’habitat des pauvres, intimement lié à leurs conditions de vie.
Puis la case abandonne les campagnes pour s’implanter en ville. Quand une famille déménage, et bien, la case déménage aussi. On l’a vue sur les chemins, transportée par des boeufs puis par des camions. Elle change de place, mais pas de fonction. On transporte sa case pour venir travailler à l’usine, celle de Darboussier, quartier Assainissement à Pointe-à-Pitre par exemple, où se forment de vastes espaces insalubres. Elle s’implante aussi en centre-ville où elle se « durcifie » et monte fièrement en étages : la cour cimentée remplace le jardin arrière, on y ajoute une case à eau en fond de parcelle et on la transforme peu à peu en salle de bains et en cuisine.
Dans les faubourgs, autour des centres villes, les cases viennent se poser autour de parcelles étroites et longues formant les « lakous » qui abritent en leur centre jardins partagés et activités collectives, ce qu’on pourrait appeler tiers-lieux, de nos jours.

LA MAISON CRÉOLE DES PLANTEURS
Au XIXe siècle, les planteurs construisent leurs maisons en bois sur un soubassement en maçonnerie de pierres et de mortier, mélange de cendres, de sirop de canne, de sable et de chaux. Ils entourent la maison de galeries.
« Cette maison est en général de plain-pied et comporte dans le vide sanitaire une citerne, élément très utile en cas de cyclone, de sécheresse ou de coupures d’eau ! Le soubassement de 80 cm permet aussi la mise en place d’un escalier à larges marches sur lesquelles il fait bon s’asseoir au crépuscule, au calme, une fois la journée de labeur terminée. De l’ancienne case à eau est resté l’emplacement de la cuisine, sous le vent et un peu à l’extérieur, dans une partie de la galerie. Cette dernière était à l’origine un espace de transition semi-public : il permettait d’accueillir le visiteur avant de l’inviter à entrer, ou pas… Aujourd’hui on met le plus souvent son salon sur cette galerie devenue d’apparat et on y reçoit à dîner. L’intérieur peut rester privé », précise Michèle Robin-Clerc, architecte.

C’est de cette esthétique et de ce modèle architectural que s’inspire principalement l’architecture créole d’aujourd’hui. Les auvents et la galerie permettent de protéger les façades du soleil et de la pluie. La toiture en tôle ondulée colorée, ses lambrequins et ses frises, jolies dentelles qui soulignent l’égout de toiture dans des motifs riches et variés, lui donnent son charme. Il faut y ajouter les persiennes qui jouent avec le soleil et la brise. « Mais le bois qui posait tant de problèmes a disparu des modes constructifs. Vers 1930, à la suite de l’introduction du béton armé en Guadeloupe par l’architecte Ali Tur, des privés construisirent de très jolis immeubles de style Art Déco et leur plan resta celui de la case ayant pris ses lettres de noblesse, avec cependant l’intégration des pièces d’eau. Puis une importante immigration syro-libanaise se fit dans les années 1950. Elle construisit en ville des immeubles en maçonnerie avec un rez-de-chaussée commercial et des étages consacrés à l’habitation. Ainsi la maçonnerie était lancée. Sans retour. Et ce n’est pas le terrifiant cyclone Irma en 2017 qui viendra nous inciter à construire en bois », témoigne notre architecte.