Présentation
Les eaux convoitées de la Basse-Terre ont longtemps été sources de profits car les échanges marchands y étaient intenses. Pirogues, chaloupes et canots qui viennent des anses et mouillages des autres quartiers, ou descendent de rivières proches et les barques des caboteurs qui font la navette avec Marie-Galante ou la Martinique y affluent. C’est un vaste comptoir où tout s’achète, tout se vend et tout se joue. La région devient le premier centre Corsaire des Antilles et peut-être de toute l’histoire.
À la demande du Roi, les marins corsaires attaquent tout navire étranger qui passe à leur portée et commettent des actes de piraterie contre les puissances ennemies. C’est ainsi que le corsaire français, Jean Fleury capture en 1523 un galion espagnol qui ramène du Mexique l’or collecté par Cortès et rafle qui plus est, les cartes marines qui décrivent les itinéraires des précieux galions…
Les pirates quant à eux, ne bénéficient pas de commission de course et sont considérés comme des hors-la-loi qui agissent dans leur propre intérêt.
L’archipel guadeloupéen est souvent seul pour faire face aux dangers. Dans ces temps incertains, d’anciens flibustiers deviennent pirates et s’attaquent à des navires qui font route vers la Guadeloupe. Leur présence entraine un sentiment d’isolement car les communications entre les îles de la colonie sont perturbées.
La lutte contre les forbans est laissée au gouverneurs local, directement confronté aux attaques. Lorsque le risque est élevé, il n’hésite pas à prendre des mesures pour protéger les navires de commerce, soit en les forçant à se déplacer en convoi ou sous escorte, soit en interdisant tout simplement toute navigation tant que le danger n’est pas écarté.
Quand des pirates sont signalés dépassant la pointe de Vieux-Fort et longeant la côte en esquivant les tirs des batteries de la Rivière du Galion, des Carmes et de la Ravine à Billaud, les bateaux engagés dans la passe de Basse-Terre, par le canal des Saintes ou venant de la Dominique sont en grand danger.
Le gouverneur fait rapidement rassembler la milice et la cavalerie par des tirs d’alarme. Il ordonne également aux navires ancrés à Basse-Terre de se rapprocher du littoral pour se mettre sous la protection du fort Saint-Charles.
Malgré ces nombreuses précautions, de nombreux navires sont pris et délestés de leur précieuse cargaison. Certains interlopes suivent parfois les pirates pour receler immédiatement le butin en pleine mer, ou à terre, dans des zones peu surveillées. Les marchandises pillées réapparaissent ainsi sur le marché local dans une logique d’économie grise, qui rejoint la contrebande et le commerce interlope afin de contourner le système de l’Exclusif.
Flibustiers et corsaires sont à la fois combattus par les autorités et tolérés car ils rendent d’inappréciables services en attaquant les navires anglais, en protégeant les convois de navires français et en défendant les colonies contre les invasions anglaises. Ils peuvent capturer jusqu’à plus de 800 navires en une seule année qui rapportent 50 millions de francs à la colonie.
Basse-Terre est alors l’unique fenêtre de l’île sur le monde extérieur et la course confirme sa vocation d’île ouverte sur les étrangers. La geste de ces forbans des mers qui partent de Guadeloupe et ramènent leurs prises à Basse Terre a défrayé le monde. Pour beaucoup d’entre nous nos ancêtres étaient aussi des pirates, des corsaires ou des forbans !
Les pirates des Caraïbes qui sont pour la plupart des pirates de chez nous à la Guadeloupe, sont un mythe et on leur voue une admiration peu commune. Des esclaves qui avaient quitté les plantations ou s’étaient échappés de navires négriers font souvent partie de leur rang. Sur les mers, ils ont trouvé une certaine liberté.
Les corsaires ont porté l’esprit de la révolution dans toute la Caraïbe et les Amériques dans un entendement de la liberté et de l’égalité sans aucune restriction. Corsaires et pirates ont contraint à la mise en place d’un droit de la mer et de la navigation et bien plus tard, face aux menaces grandissantes sur la marine marchande américaine, poussé les États-Unis à créer une marine permanente et engager la construction des six premières frégates de l’US Navy.